2010 ou la guerre monétaire

Publié le par Jérôme Revillier

par Jérôme Revillier
Mercredi 06 janvier 2010

Le Forex vous souhaite une bonne année...
Avec ses 3 100 milliards échangés chaque jour, le Forex devrait connaître une nouvelle année de record.

En effet, rarement dans l'histoire de l'économie mondiale, les préoccupations sur les changes n'auront été aussi fortes.

Les défis sont de taille avec en premier lieu l'emploi, qui animera les marchés dès cette semaine avec les fameux Non Farm Payroll qui recensent les créations d'emplois dans l'économie américaine.

C'est ce chiffre qui avait déclenché le rally de fin d'année du dollar. Déclenchera-t-il également le rally de ce début d'année ? Réponse dès vendredi !

En attendant, je propose d'évoquer le défi majeur des prochains mois : la politique monétaire.

 

Focus sur la Fed !
La première incertitude vient de la Fed et du moment où Bernanke "osera" signaler au marché qu'il est temps de sortir de la politique du taux zéro aux Etats-Unis.

En effet, il est évident que la reprise annoncée depuis des mois ne repose que sur des injections massives de liquidités et un accès au crédit gratuit pour les institutions bancaires.

Seulement voilà... nous sommes désormais proche des limites de ces dispositifs et il va désormais falloir trouver des solutions viables à long terme pour maintenir la croissance, tout en affrontant un nouveau problème de taille : la dette.

 

Dettes (européennes) cherchent créanciers
On ne compte plus les pays menacés de dégradation par les agences de notation et désormais, des pays de premier rang sont sur la sellette. Avec en bonne place la France et ses 84% de dette prévue fin 2010 (dette en pourcentage du PIB)

Aux Etats-Unis, l'administration Obama s'apprête de nouveau à inonder le marché de près de 2 400 milliards de dettes cette année, illustrant une politique sans compromis.

Et si les Etats-Unis semblent ne se soucier que très peu de leur endettement, c'est qu'ils ont un lien très fort avec leur créancier qui n'ont aucun intérêt, dans le contexte actuel, à voir l'économie américaine et le billet vert décliner. Ainsi l'attrait pour la dette américaine ne se dément pas et protège pour le moment l'économie américaine.

 

Un rééquilibrage des politiques est nécessaire
De l'autre côté de la planète, l'Australie a déjà remonté par trois fois ses taux directeurs, soutenue par le dynamisme de la demande asiatique, et en premier lieu de la Chine voisine.

Entre des Etats-Unis à taux zéro, une Europe sans volonté avec un taux à 1% et l'Australie qui propose un taux à 3,5%, les déséquilibres sont grandissants et les défis semblent de plus en plus compliqués à relever.

Un rééquilibrage semble donc inévitable, et les stratégies de carry trading devraient connaître une année perturbée.

 

La Zone euro en danger !
La dette américaine a toujours été inquiétante et focalise les inquiétudes. Mais les Etats-Unis disposent d'une liquidité et d'un attrait pour ses bons du trésor toujours aussi forts (grâce au dollar, devise de référence).

Et c'est finalement la Zone euro qui semble très mal orientée avec des pays fragiles et des dettes qui ne trouvent pas facilement de créanciers.

Pour rassurer, il faudrait que la Zone euro adopte une vraie stratégie monétaire et économique commune pour protéger la totalité de ses membres. Et ce n'est pas pour demain...

 

EUR/USD : direction les 1,3750
Je dois avouer que c'est avec une satisfaction non feinte que j'ai vu le dollar s'apprécier ces dernières semaines.

Depuis plusieurs semaines, je faisais sans doute partie des rares observateurs à maintenir des réserves sur le déclin brutal du dollar, alors même qu'il reste la devise de référence malgré les rhétoriques politiques.

En prenant un peu de recul, on constatera même que le dollar ne chute finalement que de 3% en 2009, après une hausse de près de 5% en 2008.

Comme vous pouvez le voir sur ce graphique, il semble que la paire EUR/USD trouve progressivement une zone d'équilibre autour de 1,43 $.

Graphique hebdomadaire EUR/USD

Graphique hebdomadaire EUR/USD

Une pression baissière se met actuellement en place
Ce qui est clair également, c'est qu'une pression baissière se met actuellement en place et devrait s'accentuer tant que nous ne parviendrons pas à repasser au-dessus de 1,4750 puis 1,50.

Comme à l'habitude, je préfère l'engagement à une analyse sans conviction, et je maintiens mon objectif à 1,3750 dans les prochaines semaines.

Bons trades.

 
Note : Cet article vous a plu ? Pour recevoir par e-mail l'édition complète de L'Edito Matières Premières & Devises, il suffit de vous inscrire.

Publié dans Analyses

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article